Le ministère de l’éducation nationale a mis en ligne vendredi 10 juin le vadémécum censé accompagner les écoles, collèges et lycées entrant dans le dispositif ECLAIR à la rentrée. Un programme qui démantèle l’éducation prioritaire et détourne une partie des moyens amaigris du primaire.
« Il n’y aura plus de RAR à la rentrée 2011 ». Le ministère de l’Education nationale a mis en ligne vendredi 10 juin le vadémécum du programme ECLAIR (Ecoles, collèges et lycées pour l’ambition et la réussite) censé accompagner les équipes des établissements concernés par l’extension du dispositif à tout le territoire en septembre prochain. Les établissements et écoles concernés, sont constitués d’abord par les 250 collèges et 1 720 écoles jusqu’ici intégrés dans des Réseaux ambition réussite (RAR), mais tous n’accèderont pas au nouveau dispositif. Le ministère estime que « l’extension du programme ECLAIR est l’occasion d’une refonte de l’éducation prioritaire ». Exclusion de zones en difficultés et des zones rurales
Pour les établissements RAR laissés de côté ce sera aux recteurs de choisir « la façon dont ils accompagnent les collèges et écoles (…) qui ne deviennent pas ECLAIR ». Il est explicitement annoncé qu’ECLAIR ne sera applicable que dans « les quartiers défavorisés des grandes agglomérations », qu’il « n’est pas étendu à tous les territoires marqués par des difficultés sociales », et qu’ « il ne concerne pas les zones rurales ». Pour ces territoires non concernés par ce qui n’est plus appelé « éducation prioritaire » mais « nouvelle politique prioritaire nationale », chaque académie devra développer « une politique prioritaire académique », évidemment ! Des enseignants recrutés sur profil
Le vadémécum affirme des « principes fondamentaux », parmi lesquels la stabilité et la motivation des équipes, « le décloisonnement du pédagogique et de l’éducatif » ! et la contractualisation. S’appuyant sur l’article 34 de la loi d’orientation de l’éducation nationale fixant les règles des expérimentations, le dispositif ECLAIR prévoit la mise en place de projets « innovants » ou « expérimentaux » d’une durée de trois à cinq ans. Le projet sera porté par une « équipe-projet » comprenant « tous les personnels », mais dont les membres seront triés sur le volet. Le chef d’établissement doit être choisi par le recteur, les enseignants sélectionnés sur des postes profilés et après entretien avec le chef de l’établissement. Pour le premier degré la procédure sera similaire puisque que le texte prévoit « des modalités permettant aux directeurs d’école et aux enseignants d’adhérer en toute connaissance de cause au projet d’école et au projet de réseau (postes fléchés, entretien préalable, procédure d’avis ...) ». Des ressources humaines et pédagogiques prises au primaire
Le principe du « décloisonnement du pédagogique et de l’éducatif » s’accompagne de la création d’un statut de « préfet des études » intervenant dans le secondaire pour une prise en compte globale des jeunes en difficulté. Les préfets devront toutefois assurer le lien entre primaire et secondaire, et pourront dans le primaire procéder à des expérimentations sur les rythmes scolaires. Mais ils auront aussi la possibilité de puiser dans les ressources humaines du premier degré des personnels appelés à participer aux instances pédagogiques des établissements publics locaux d’enseignement (EPLE). Des contrats d’objectifs
Un autre des grands principes est donc celui de la « contractualisation ». La signature de contrats d’objectifs est prévue au programme. Le suivi fera l’objet d’évaluations à plusieurs niveaux : national, académique et au sein des établissements par une auto-évaluation « accompagnée par les autorités académiques ». Sur le plan de la formation, le programme prévoit des actions collectives s’adressant à l’ensemble de l’équipe. Elle visera notamment les professeurs des écoles « compte tenu du caractère central de la maîtrise des apprentissages fondamentaux ». Elle prétend notamment s’attaquer aux mécanismes et aux méthodes d’apprentissage du langage, de la lecture, de l’orthographe, de la grammaire et de l’arithmétique. Elle prévoit aussi des « rapprochements » entre écoles et collèges et dans le premier degré « un accompagnement renforcé par les conseillers pédagogiques ». A noter que les stages dureront, en tout et pour tout… 3 jours. L’école du socle commun
Si le programme entend « consolider les fondamentaux » dans les établissements et écoles retenus en ECLAIR, il poursuit aussi un objectif sensible, celui de la création d’une « école du socle », « qui commence à la maternelle, se poursuit à l’école et au collège ». Le livret personnel de compétences devient l’outil de mise en Å“uvre de ce continuum tandis qu’une nouvelle fois, les enseignants du premier degré sont sollicités pour intervenir au collège, dans le cadre d’actions d’aide personnalisée par exemple. Il est aussi question de demander aux élèves du collège d’assurer le parrainage d’enfants entrant en 6e… Parmi les autres volets de ce vadémécum figure bien sûr l’évaluation des acquisitions des élèves, la personnalisation de leur parcours ou encore la prévention de la violence et du harcèlement. Le démantèlement de l’éducation prioritaire
Dans un communiqué rendu public hier lundi 13 juin, le SNUipp dénonce « un véritable démantèlement de l’éducation prioritaire », estimant que « l’école primaire risque d’être complètement mise à nue ». « Les moyens en personnels sont appelés soit à être récupérés, soit à être détournés de leur fonction » insiste-t-il ajoutant que « c’est le cas des secrétaires de réseaux invités à disparaitre et des professeurs surnuméraires intervenant auprès des élèves dans les écoles qui pourraient se transformer en préfets des études postés uniquement dans le second degré ». Abandonner le programme pour ouvrir une véritable concertation
Le syndicat regrette aussi « le recrutement des enseignants sur des postes à profil soumis à un entretien préalable et à une procédure d’avis » et fustige les propositions de formation qui « consistent en 3 jours de formation à la tenue de classe et des auto-formations sur les fondamentaux. » Le SNUipp qui « refuse ce démantèlement ECLAIR de l’éducation prioritaire », demande tout simplement « l’abandon du programme ». Estimant qu’il faut « capitaliser les réussites actuelles de l’éducation prioritaire et développer le travail d’équipe, le « plus de maîtres que de classes », la formation et l’accompagnement professionnel des enseignants », il propose « l’ouverture d’une concertation sur la circulaire ECLAIR et sur l’avenir de l’éducation prioritaire ».
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Dernière mise à jour : vendredi 16 septembre 2022