SNUipp-FSU du Jura : Nous n’entrerons pas dans l’avenir à reculons !

vous etes ici Accueil du site > Archives > Année scolaire 2009/2010 > Chorus, le logiciel qui empêche l’IA de payer ses factures
fontsizeup fontsizedown impression s'abonner  à la rubrique {}
publie 8 juin 2010

Chorus, le logiciel qui empêche l’IA de payer ses factures

Fournitures de bureau et armes de guerre… Depuis fin 2009, l’Etat accumule les impayés à cause du nouveau logiciel. Les fonctionnaires dénoncent leur manque de formation face à Chorus, censé simplifier la comptabilité, tandis que les fournisseurs perdent patience. Pour l’instant, quatre ministères ont adopté Chorus : l’Education nationale, la Défense, la Justice et l’Intérieur. Bilan ? « On va péter un câble », assure un comptable de l’académie de Toulouse, qui préfère rester anonyme : « Par exemple, vous voulez acheter des ciseaux. Il faut trois devis, un bon de commande manuel, et un bon de commande informatique sur Chorus. Pour passer la commande, il faut attendre qu’il soit validé au rectorat à Toulouse et qu’il revienne. Ça peut prendre trois semaines. »

Des factures impayées depuis novembre

Une comptable du ministère de la Défense confirme cette mise en place chaotique : « Pour utiliser Chorus, il faut des licences nominatives, avec des codes personnels. Dans mon service, nous sommes une dizaine. Deux personnes seulement ont une licence. Quand elles ne sont pas là, on ne peut pas utiliser le logiciel. » Conséquence : des retards de paiement impressionnants. « Dans mon service, nous n’avons rien payé depuis le 1er décembre », assure le comptable de l’Education nationale. « Chez nous, les factures les plus anciennes remontent à novembre », explique celle de la Défense. L’exaspération monte chez les fournisseurs. Selon le blog Secret Défense, les industriels de l’armement ont exigé des explications à la Défense. Les fabricants de chars ne sont pas les seuls concernés. Contactée par Eco89, la Fédération française du bâtiment explique avoir été elle aussi alertée. Le dossier embarrasse surtout le ministère du Budget. C’est lui qui supervise Chorus, via l’Agence pour l’informatique financière de l’Etat [4]. Au cabinet de François Baroin, on veut rassurer : « C’est un projet important et bien piloté. Chaque jour, 15 000 factures sont traitées. Il y a pu y avoir quelques difficultés, mais elles sont en train de se résorber. »

Un logiciel unique pour faciliter les opérations

Le projet doit harmoniser et simplifier les méthodes de l’Etat, mais aussi réduire les coûts : Désormais, toutes les administrations utiliseront le même logiciel, développé par l’allemand SAP. A terme, les factures de différentes administrations seront traitées par des services mutualisés.

Un projet coûteux et en retard

Bercy a aussi été un peu trop optimiste sur le « retour sur investissement ». En 2006, l’Inspection générale des finances prévoyait entre 800 millions et 1,1 milliard d’euros en dix ans. Trois ans plus tard, les « scénarios les plus favorables » des députés allaient de 230 millions à un milliard d’euros. Sans exclure, dans d’autres scénarios, une perte sèche pour l’Etat. Parmi les économies prévues par Eric Woerth, la suppression de 8 000 postes. Surprise des députés : ils ont découvert que certains ministères voulaient en fait augmenter les effectifs de leurs services comptables, « au moins pendant les premières années », pour faire face au chantier. Le gouvernement a une autre raison d’être embarrassé par ces factures impayées. En soutien aux entreprises, il s’était engagé dans un décret du 28 avril 2008 [10] à régler ses factures en 30 jours, au lieu de 45. Un engagement que Chorus lui permettra peut-être, un jour, de respecter.

post scriptum

Combien ça coûte ? Installation du logiciel et adaptation des systèmes existants, de 2006 à 2012 : 686,2 millions d’euros. Coût total sur dix ans, de 2006 à 2015 : 1,1 milliard d’euros (dont un coût de maintenance de 77 millions d’euros par an