Des factures impayées depuis novembre
Une comptable du ministère de la Défense confirme cette mise en place chaotique : « Pour utiliser Chorus, il faut des licences nominatives, avec des codes personnels. Dans mon service, nous sommes une dizaine. Deux personnes seulement ont une licence. Quand elles ne sont pas là , on ne peut pas utiliser le logiciel. » Conséquence : des retards de paiement impressionnants. « Dans mon service, nous n’avons rien payé depuis le 1er décembre », assure le comptable de l’Education nationale. « Chez nous, les factures les plus anciennes remontent à novembre », explique celle de la Défense. L’exaspération monte chez les fournisseurs. Selon le blog Secret Défense, les industriels de l’armement ont exigé des explications à la Défense. Les fabricants de chars ne sont pas les seuls concernés. Contactée par Eco89, la Fédération française du bâtiment explique avoir été elle aussi alertée. Le dossier embarrasse surtout le ministère du Budget. C’est lui qui supervise Chorus, via l’Agence pour l’informatique financière de l’Etat [4]. Au cabinet de François Baroin, on veut rassurer : « C’est un projet important et bien piloté. Chaque jour, 15 000 factures sont traitées. Il y a pu y avoir quelques difficultés, mais elles sont en train de se résorber. »
Un logiciel unique pour faciliter les opérations
Le projet doit harmoniser et simplifier les méthodes de l’Etat, mais aussi réduire les coûts : Désormais, toutes les administrations utiliseront le même logiciel, développé par l’allemand SAP. A terme, les factures de différentes administrations seront traitées par des services mutualisés.
Un projet coûteux et en retard
Bercy a aussi été un peu trop optimiste sur le « retour sur investissement ». En 2006, l’Inspection générale des finances prévoyait entre 800 millions et 1,1 milliard d’euros en dix ans. Trois ans plus tard, les « scénarios les plus favorables » des députés allaient de 230 millions à un milliard d’euros. Sans exclure, dans d’autres scénarios, une perte sèche pour l’Etat. Parmi les économies prévues par Eric Woerth, la suppression de 8 000 postes. Surprise des députés : ils ont découvert que certains ministères voulaient en fait augmenter les effectifs de leurs services comptables, « au moins pendant les premières années », pour faire face au chantier. Le gouvernement a une autre raison d’être embarrassé par ces factures impayées. En soutien aux entreprises, il s’était engagé dans un décret du 28 avril 2008 [10] à régler ses factures en 30 jours, au lieu de 45. Un engagement que Chorus lui permettra peut-être, un jour, de respecter.
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Dernière mise à jour : vendredi 16 septembre 2022