Remise en cause de la formation professionnelle
En sacrifiant la dimension didactique et pédagogique, le ministère fait le choix d’une formation axée sur les savoirs disciplinaires. Les savoir-faire professionnels sont appris par répétition de modèles sous la forme de compagnonnage, à l’opposé d’un métier de concepteur s’appuyant sur une réflexion et l’analyse de pratiques. Il s’agit là d’une vision du métier réductrice où l’enseignant assure une transmission des savoirs sur la base d’une représentation mécanique des apprentissages. Ce projet marque une volonté de mettre fin à l’existence des IUFM et à toutes les recherches sur l’acte d’enseigner et les processus de construction des apprentissages. La question que pose la réforme de la formation est donc celle du modèle d’enseignement. Quelle formation des enseignants pour quel projet d’école et de société ? La transformation de l’école et les enjeux de la réussite de tous sont liés à ces choix.
Réduction de la diversité sociale de l’accès au métier
La nature des épreuves au concours structure la formation et le profil des futurs enseignants. La sélection axée sur le haut niveau de savoir académique vise à recruter une élite d’enseignants qui risque de se retrouver en grande difficulté pour enseigner malgré les compétences universitaires. De plus, avec l’allongement de la durée d’études, l’absence de pré-recrutements ou de système d’allocations réduit la diversité sociale.
Simple aménagement des masters disciplinaires
Le maintien des masters existants avec un simple aménagement de parcours professionnel marque une négation de la polyvalence des PE. Les disciplines scolaires du primaire sont absentes du cursus universitaires, elles sont renvoyées à l’année de stagiaire après le concours, de même que la formation professionnelle réduite à une adaptation à l’emploi (maîtrise de la classe, retour sur les pratiques professionnelles, niveaux d’enseignement, publics scolaires, connaissance du système éducatif, ...). Le calendrier concours-master est aberrant. Les concours en cascade (admissibilité PE puis PLC puis agrégation) pour permettre aux étudiants de rebondir sur le concours suivant en cas d’échec ne correspond absolument pas à la réalité des choix de cursus des étudiants qui généralement se déterminent professionnellement dès la licence. La 2ème année du cursus Master, normalement consacrée à la recherche, est dénaturée par l’empilement et la surabondance d’éléments de validations (modules académiques, mémoire, modules complémentaires de préparation au concours et stages en responsabilité). La question de l’articulation des stages dans la formation et de leur place par rapport au concours pose problème. De plus, le choix du ministère de recourir au statut d’agent public vacataire pour établir le contrat de travail permettant de rémunérer le stage en responsabilité des étudiants risque de favoriser un recrutement massif d’enseignants vacataires.
Disparition de la formation professionnelle après le concours
Avec une titularisation axée sur "la manière de servir" et validée uniquement par l’IEN, il n’y a aucune prise en compte des éléments de formation au cours de l’année de stagiaire (contrairement à la validation des actuels PE2). C’est une dérive vers le simple entretien d’embauche. La conception de l’année de stagiaire est également modifiée : actuellement le concours ouvre sur une formation professionnelle, alors que dans le projet du ministère il donne accès à une mise à l’essai sur le terrain. Le projet du ministère est porteur d’une conception rétrograde du métier d’enseignant qui se conjugue avec le dogme gouvernemental de la réduction des dépenses publiques.
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Dernière mise à jour : vendredi 16 septembre 2022