Alors que les derniers tableaux comparatifs de l’OCDE montrent que le salaire d’un enseignant du primaire est en dessous de la moyenne internationale, une étude menée par l’IREDU fait apparaître que ce mauvais classement est valable sur d’autres critères.
Les enseignants du primaire ne sont pas des privilégiés comme le sous-entendent certains discours ministériels. Les comparaisons internationales sont de ce point de vue on ne peut plus claires. "Regards sur l’éducation 2008", recueil des indicateurs de l’OCDE, publie un tableau des salaires des enseignants d’une trentaine de pays pour lesquels les chiffres sont disponibles.
Si on observe les salaires au bout de 15 ans de carrière, les enseignants français sont en queue de peloton des pays européens et en dessous de la moyenne qui est de 33 216 €par an. Sur les 29 pays étudiés, le salaire moyen français de 27039 € place la France au 22 ème rang devançant seulement les Turcs (12 413 €), Hongrois (13 149 €), Tchèques (21 371 €), Suédois (27 027 €)… Il est plus intéressant financièrement d’enseigner au Luxembourg (60 818 €), en Suisse (45823 €) ou en Finlande (31430 €). Ces chiffres sont à rapporter à l’enquête menée par Jean Bourdon de l’IREDU publiée cet été qui analyse les différences entre pays s’appuyant sur les chiffres de 1999 à 2004.
Pour comprendre ces différences de traitement, il a croisé différents critères. En premier lieu la part que représentent les salaires par rapport au PIB. De manière générale,entre 1992 et 2004, le chercheur observe une baisse sensible de ce rapport. En2004 en France, il s’élevait à 1,07, contre1,62 en Allemagne, 1,50 en Suisse, 1,38 au Royaume-Uni et 1,07 en République tchèque. La « valeur » du salaire accordé aux enseignants change alors et là encore la France se place en fin de peloton (16ème sur23). Jean Bourdon compare les durées annuelles de travail, un facteur qui pourrait expliquer les différences. À nouveau, les enseignants français du primaire avec leurs 918 heures passées à l’école sont loin d’être des privilégiés. Les Finlandais y consacrent eux 680 heures, les Hongrois 777, les Allemands 793 et les Anglais 932.
Enfin, le chercheur observe ce qui pourrait être considéré comme une forme de pénibilité du travail : le rapport maître/élève. 19,4 en France, 14,3 en Suisse, 17,9 en République tchèque, 16,3 en Finlande, 21,1 en Angleterre, 26,5 en Turquie… Tous ces facteurs croisés démontrent que la situation des enseignants en France n’est guère enviable à l’échelle européenne et les 0,3% d’augmentation au mois d’octobre n’y changeront pas grand chose.
Salaire en début de carrière/formation minimale | Salaire après 15 ans d’exercice/formation minimale | Salaire à l’échelon maximum/formation minimale | |
Belgique (Fr.) | 24 190 | 34 078 | 41 710 |
Angleterre | 25 866 | 37 805 | 37 805 |
France | 20 472 | 27 539 | 40 634 |
Allemagne | 35 363 | 44 005 | 45 883 |
Irlande | 25 787 | 42 717 | 48 406 |
Italie | 21 257 | 25 714 | 31 332 |
Pays-Bas | 28 530 | 37 050 | 41 375 |
Écosse | 25 900 | 41 310 | 41 310 |
Espagne | 28 995 | 33 788 | 41 876 |
Suisse | 35 417 | 45 823 | 56 242 |
Ce tableau est extrait de« Regards sur l’éducation2007 » de l’OCDE. Il fait uniquement apparaître une dizaine de pays européens. Et, surprise, on peut y lire qu’un enseignant du primaire en fin de carrière peut gagner annuellement40 634 €. Or, il ne s’agit pas du salaire moyen mais du salaire à l’indice maximum qui ne concerne qu’une infime minorité, celle qui termine au dernier échelon de la hors classe…
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Dernière mise à jour : vendredi 16 septembre 2022