Les textes officiels font référence à 27 heures hebdomadaires de service, mais ils ignorent le temps passé à préparer la classe, à la fois chronophage et déterminant pour l’exercice du métier.
Enseigner ne se résume pas au temps de service. Les textes officiels ne font référence qu’à 27 heures hebdomadaires dont 26 devant élèves. Ils ignorent d’autres temps indispensables : les rencontres avec les parents, la coordination du travail avec les partenaires de l’école, l’auto formation, l’organisation des sorties et la préparation de la classe. Ces temps invisibles font qu’en réalité le nombre d’heures effectuées par les enseignants est nettement plus élevé : 40h44 de travail par semaine, dont 11h15 consacrées à la préparation de la classe et aux corrections selon une étude de 2000.
Cette moyenne masque des disparités. Selon Bernard Rey de l’Université Libre de Bruxelles, un enseignant en début de carrière « a presque une heure de préparation pour une heure de leçon ». Ce qui fait la différence, c’est l’expérience accumulée, et chez les plus chevronnés des enseignants, une certaine relativisation des prescriptions de la hiérarchie comme celle liée à la fiche de préparation. Outil de formation pour le débutant, elle peut s’avérer chronophage et source de fatigue au travail. Certains n’hésitent pas à remettre en cause sa finalité. Pour Jean-Claude Mouton, formateur à l’IUFM d’Aix-Marseille, « la fiche de préparation comme listing figé des prescriptions peut être considérée comme contre productive si ces prescriptions ne sont pas réinterrogées à partir de leur mise en Å“uvre par le stagiaire ».
La transmission d’un savoir faire professionnel
Pour autant, la prépa est incontournable, mais elle se complexifie en même temps que le métier se complexifie lui-même. Elle est souvent perçue comme un exercice individuel, personnel. Mais dans le même temps la pratique professionnelle exige de plus en plus de coopérations, de travail collectif. La somme des connaissances à enseigner augmente en même temps que s’étendent les savoirs et les technologies ainsi que la surcharge de travail liée à l’empilement des tâches administratives. La prise en compte de l’hétérogénéité, comme la mise en œuvre de l’aide personnalisée, réclame des approches différenciées et le recours à diverses méthodes pédagogiques.
L’enseignant est-il condamné à chaque fois à tout réinventer par lui-même ? Ne peut-il pas tirer parti de l’expérience de ses pairs plus expérimentés ou des générations passées ? Le système actuel de formation montre ses limites et la réforme n’arrange rien. « Il serait indispensable que dans leur formation, les stagiaires soient accompagnés dans leur préparation de classe » note Bernard Rey. A défaut d’une telle pratique, des ressources sont disponibles, et elles sont de plus en plus nombreuses grâce au développement des nouvelles technologies. Mais l’outil est à double facette : facilitateur, il peut être aussi source de confusion compte tenu de la profusion des informations.
Anticiper le travail de la classe
« Au fil des années l’enseignant parvient à mieux se projeter dans ce qui va se passer en classe » observe Evelyne Villard, docteure en sciences de l’éducation à Lyon, n’y-a-t-il pas possibilité de transmettre du savoir-faire professionnel des plus outillés aux plus démunis ? C’est ce que pense Jean-Claude Mouton qui prône « une co-élaboration expert/novice ». Il y a là matière à réflexion pour innover, inventer de nouvelles formes de travail collectif, alors que bien souvent les enseignants se plaignent du manque de temps pour préparer la classe. Une telle démarche s’inscrit pleinement dans le cadre d’un métier qui est avant tout un métier de conception et dans la nécessité plus que jamais d’actualité de transformation de l’école.
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Dernière mise à jour : vendredi 16 septembre 2022