En annonçant la parution d’une circulaire pour améliorer l’enseignement de l’orthographe à partir de ce qui fait la pratique quotidienne des enseignants, Luc Chatel instrumentalise le ministère pour une opération de communication à visée électoraliste.
« Refonder » l’enseignement de l’orthographe, c’est ce que s’apprête à faire le ministère de l’Éducation nationale. Luc Chatel l’a annoncé lundi 16 avril, promettant la diffusion prochaine d’une circulaire dont il donne un aperçu dans un document mis en ligne. Le ministre dénonce « un effritement lent et progressif des compétences orthographiques » s’appuyant sur une étude de la DEP datant de 2007. La Direction des études et de la prospective avait fait passer la même dictée à des élèves en 1987 puis à des élèves du même âge en 2007. Chez ceux de la première cohorte on dénombrait une moyenne de 10,7 fautes sur un texte d’une dizaine de ligne et sur ceux de la deuxième cohorte une moyenne de 14,7 fautes.
Cinq années d’inaction ?
Il est étonnant qu’à quelques jours des élections présidentielles le ministère appelle de ses vÅ“ux une « refondation » de l’enseignement de l’orthographe alors que la réalité de cet « effritement », reconnue par tous, date du début du quinquennat. Des déclarations qui étonnent quand on sait que le ministère ne cesse, en s’appuyant sur les résultats des nouvelles évaluations de CE1 et de CM2, de proclamer que le niveau des élèves augmente. Plus effarantes encore, les préconisations données aux enseignants pour faire (re) monter le niveau : « l’enseignement de l’orthographe doit reposer sur des activités spécifiques, identifiables comme telles pour apprendre les règles et mémoriser les mots », « L’orthographe doit reposer sur un apprentissage explicite des règles qui structurent la langue », ou encore, « les contenus des leçons spécifiques doivent aborder l’orthographe lexicale et l’orthographe grammaticale, selon une progression réfléchie ».
Enfoncer des portes ouvertes
Affirmer que Luc Chatel enfonce des portes ouvertes en déniant le travail réalisé par les enseignants du premier degré n’est pas peu dire. Les consignes données par le ministre correspondent exactement aux pratiques quotidiennes dans les classes. Bref, on peut douter de l’impact d’une telle circulaire et on pourrait en sourire si ne subsistait cette réalité de 15% d’élèves sortant du système éducatif sans qualification. Ce n’est pas par des opérations de communication à visée électoraliste que l’on avancera vers l’école de la réussite de tous les élèves.
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Dernière mise à jour : vendredi 16 septembre 2022